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 Municipales françaises : un coup de semonce pour l'Europe

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Ysaline de Montmirail
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Ysaline de Montmirail


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MessageSujet: Municipales françaises : un coup de semonce pour l'Europe   Municipales françaises : un coup de semonce pour l'Europe EmptyMar 25 Mar - 12:35

Municipales françaises : un coup de semonce pour l'Europe

La percée du FN dans certaines municipalités et la forte hausse de l'abstention s’inscrivent dans un contexte européen où la politique de lutte contre la crise choisie depuis 2010 a une lourde part de responsabilité.

Il était tout à fait frappant, dimanche 23 mars au soir, de n'entendre aucune mise en contexte européenne du résultat du premier tour des élections municipales françaises. Certes, il s'agit là d'élections locales, mais la nature des résultats et le poids de l'abstention prouvent que les enjeux municipaux n'ont pas dominé le choix des électeurs. Ce mouvement de rejet des partis traditionnels de gouvernement semblent en fait s'installer dans toute la zone euro.

Progression au sud…

Alors que les gouvernements et les observateurs fêtent avec une euphorie un peu excessive au vue de la situation sociale de ces pays, les « sorties du plan de sauvetage » de l'Irlande ou du Portugal et « le retour à la croissance de la Grèce », ces pays connaissent des bouleversements politiques d'envergure. C'est certes un peu moins vrai au Portugal, mais l'extrême-gauche y pèse dans les sondages de 15 à 20 % des intentions de vote. En Irlande, le Sinn Fein, jadis parti marginalisé au sud, peut conquérir un quart de l'électorat.

Pour ne rien dire de la Grèce où la coalition de la gauche radicale est en tête et où les néo-nazis d'Aube Dorée se maintiennent à près de 10 % des intentions de vote. Enfin, en Italie et en Espagne, les partis « anti-establishment » ont également le vent en poupe : Beppe Grillo semble s'installer au-dessus des 20 % dans la Péninsule et l'extrême-gauche se renforce en Espagne, notamment en Catalogne où les Républicains de gauche pourraient arriver en tête aux Européennes.

Progression au nord…

Le phénomène s'est aussi installé dans le nord du continent. Aux Pays-Bas, extrême-gauche et extrême-droite sont en progression dans les sondages. En Finlande, les « Vrais Finlandais » se sont installés autour de 17 à 20 % des voix. Au Danemark (pays dont la monnaie est ancrée sur l'euro), les populistes de droite et l'extrême-gauche progressent. En Autriche, les nationalistes du FPÖ devraient, aux Européennes, arriver en tête pour la première fois. Seuls les petits pays de la zone euro et l'Allemagne, malgré l'émergence d'Alternative für Deutschland (AfD), échappent réellement au phénomène.

Responsabilité européenne

La montée des « populismes » n'est donc pas un « mal français. » C'est un mal commun à la zone euro qui s'est renforcé depuis quatre ans, autrement dit depuis le début de la crise de la dette. On ne peut donc dissimuler la responsabilité de la stratégie menée par les dirigeants européens pour combattre cette crise.

La crise n'explique pas tout

Disons-le cependant d'emblée : la crise de la zone euro n'est pas le seul responsable. Pour preuve : ces populismes ont également le vent en poupe en dehors de la zone euro et même de l'Union européenne. C'est le cas au Royaume-Uni, en Norvège et en Suisse. Certains de ces mouvements étaient déjà forts avant la crise : c'est le cas en France, aux Pays-Bas, au Danemark et en Autriche. Le rejet de l'immigration et de la modernité pouvaient donner naissance à ces mouvements.

L'effet aggravant des politiques d'ajustement

Mais cette réalité ne doit pas en cacher une autre, évidente : la crise de la zone euro a partout renforcé ces mouvements. Elle leur a donné des électeurs dans de nouvelles régions et de nouvelles classes. En France, la percée du FN dans une ville comme Paris, traditionnellement rétive à son discours, est significative de ce phénomène. Elle a donné naissance à de nouveaux « géants politiques » populistes en Italie, en Grèce ou en Finlande. Cette politique a créé un vrai risque politique qui élargit, renforce et cristallise le vote protestataire.

L'austérité comme seule politique

On aurait donc tort de minimiser l'impact de la stratégie économique « d'ajustement » des économies européennes, autrement dit de dévaluation interne par la compression des coûts. Et l'on aurait tort de n'y voir qu'un phénomène strictement économique, conjoncturel, que l'on pourra effacer par un « retour de la croissance. »

D'abord, parce que cette stratégie est là pour longtemps. Toute l'architecture de la zone euro construite depuis 2010 va dans ce sens : two pack, six pack, semestre européen et pacte budgétaire. L'austérité est désormais la politique économique officielle de la zone euro. Et ceux qui n'y ont encore goûté que modérément, comme la France, devront bientôt en faire l'expérience. Après les Pays-Bas, la Finlande a annoncé ce lundi de nouvelles mesures d'austérité. L'amélioration de la compétitivité des pays du sud provoque en effet une politique de dévaluation interne des pays « intermédiaires » (France, Pays-Bas, Finlande, Autriche) qui conduira à une nouvelle vague d'austérité au sud.

Telle est l'Europe nouvelle : une zone de compétition entre pays où le seul ajustement possible se fait sur la demande intérieure. Autrement dit, sur le bien-être des peuples. Sans compter que ces compétitions entre Etats européens favorisent en réalité le repli sur soi. Tout a donc été construit pour donner des arguments aux « populistes » et créer les conditions de leur renforcement futur.

Des effets sociaux déplorables

Deuxième raison : l'effet social de ces stratégies d'ajustement sera durable, quand bien même elles s'atténueraient. Le chômage a reculé fortement en Irlande et au Portugal en 2013, mais il est loin de retrouver ses niveaux d'avant la crise. Et ce n'est pas le cas pour la Grèce et l'Espagne. Et d'autres pays voient leur chômage se stabiliser à des niveaux élevés comme la France, l'Italie et les Pays-Bas où le taux de chômage est passé en quatre ans de 4,5 % à 7,1 %. L'industrie italienne a fortement maigri. Et les industries qui disparaissent en Europe ne reviennent pas. Enfin, le retour à l'emploi se fait souvent à des salaires faibles. La pauvreté progresse, le sentiment d'appauvrissement encore plus. Or, avec ce sentiment, c'est la perte de confiance dans l'avenir qui se développe. C'est donc la volonté de chercher une sécurité dans le passé : le welfare-state de l'après-guerre défendu à la fois par l'extrême-droite et l'extrême-gauche.

Le désarmement de la démocratie

Enfin, dernière raison : les dirigeants européens, sachant combien leurs politiques sont peu populaires ont construit des « digues » contre l'opinion des peuples. Les premières sont institutionnelles. S'inspirant de la doxa ordo-libérale que le peuple ne doit pas se mêler d'économie, la nouvelle zone euro a mis des « garde-fous » contre la démocratie. C'est la « règle d'or » et les instances budgétaires « indépendantes » du politique et imposées par le pacte budgétaire, c'est la surveillance bruxelloise des lois de finances, sans parler de l'indépendance de la BCE qui n'est pas une nouveauté. Le sentiment qui en découle, c'est une impuissance du peuple à modifier la politique économique.

Le triomphe de Tina

Impuissance renforcée encore par un discours défaitiste et des actes d'impuissance, le fameux Tina (There is no alternative, il n'y a pas d'alternative) où les dirigeants de la plupart des pays d'Europe rejette toute possibilité de sortir de la stratégie choisie. En Grèce, la troïka avait exigé des deux grands partis avant les élections de mai 2012, une acceptation du mémorandum, brisant ainsi toute alternative. Mais la France, sans la troïka, est aussi un bon exemple. Après avoir promis d'en finir avec l'Europe « à la Merkel », François Hollande a rapidement rendu les armes, au bout d'un mois et a fait voter le pacte budgétaire par des députés qui avaient fait campagne contre lui. Et désormais, le discours du gouvernement est clair : toute remise en cause des choix effectués au niveau européen relève de « l'extrême-droite. »

A quoi bon voter ?

Mais si les choix économiques ne sont pas négociables, si les budgets sont encadrés par des structures non élues, si toute discussion est impossible, à quoi bon voter ? Logiquement, un sentiment se développe : celui de l'impuissance du politique. Face à cette impuissance, deux réactions sont possibles : ou l'abstention qui prend acte de cette impuissance en refusant de participer à un vote devenu inutile, ou le vote « populiste » qui promet de redonner des alternatives et de la capacité d'action au politique.

La nécessité d'une alternative démocratique

Tant que ces trois phénomènes - persistance des politiques d'austérité, progression de la pauvreté et impuissance du politique - persisteront, les partis de gouvernement traditionnels reculeront. C'est dire si, un peu partout en zone euro, on risque de revivre des soirées électorales comme celle d'hier en France. La bipolarité rêvée par les belles âmes entre des libéraux modérés et des sociaux-démocrates « raisonnables » est désormais clairement rejetée dans la plupart des pays de l'Europe.

Que faire alors ? Il est désormais urgent pour les partis démocratiques de prendre acte de cette situation et de construire de vraies offres économiques alternatives. L'euro doit cesser d'être un tabou, de même que les traités européens. La critique de l'euro et de l'Europe doit cesser d'être considérée comme le seul apanage des extrêmes. Elle doit être réinvestie par les partis démocratiques. Pourquoi la critique d'une monnaie et de sa gestion serait-elle anti-démocratique ? Pour survivre, la démocratie doit jouer son rôle, celui de l'examen des alternatives. Il faut en finir avec Tina. Ou Tina en finira avec la démocratie. On est frappé de ce point de vue de l'inconscience des grands partis européens. Leur responsabilité devant l'avenir sera immense.

http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140324trib000821580/municipales-francaises-un-coup-de-semonce-pour-l-europe.html
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