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 Nina Simone

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Ysaline de Montmirail
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Ysaline de Montmirail


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MessageSujet: Nina Simone   Nina Simone EmptyVen 17 Nov - 9:45

Nina Simone Tweet10

Nina Simone a-t-elle «découvert le racisme»
en apprenant au solfège qu’«une blanche vaut deux noires» ?

Une anecdote relayée dans un tweet de France Culture a suscité de nombreuses interrogations sur sa véracité.

Dans un tweet publié vendredi 19 mai, France Culture introduit son émission consacrée à l’artiste noire américaine et militante des droits civiques Nina Simone en notant : «Quand la jeune Eunice Waymon commence les leçons de solfège, elle apprend, stupéfaite, qu‘une blanche vaut deux noires.»

Cette présentation a rapidement suscité des réactions puisque des internautes reprochent à la chaîne de radio d’inventer une anecdote qui voit du racisme là où il n’y en aurait pas. Comme le souligne la journaliste Emmanuelle Ducros, «en anglais, langue de Eunice Waymon-Nina Simone, une note “noire” ne s’appelle pas “black”, mais “quarter note”. Et une “blanche” pas “white”, mais “half note”. “Deux noires valent une blanche” n’a aucun sens en anglais». «Je doute qu’elle ait fait son solfège en français» renchérit un autre internaute.

Pour son émission le Book Club dédiée à Nina Simone, France Culture a invité deux autrices, Marianne Vourch et Sophie Adriansen, qui ont chacune consacré des livres à l’artiste américaine. La citation mise en avant par France Culture dans son tweet correspond au résumé du livre Nina Simone, mélodie de la lutte (éditions Charleston, 2 022) écrit par Sophie Adriansen.

Cette biographie, qui se présente comme un «roman» mais que Sophie Adriansen range dans ses titres de «non-fiction», s’ouvre par ce dialogue, entre guillemets, entre Nina Simone et sa professeure de piano Muriel Massinovitch :

    «Une blanche vaut deux noires.— Exact.— Une blanche vaut deux noires !— Oui, Eunice, pourquoi le répètes-tu ainsi ? Une noire vaut un temps, une blanche vaut deux temps, une ronde vaut quatre temps. Une croche vaut un demi-temps, une double croche vaut la moitié d’une croche.»

«Invention de la littérature française»

Contactée par CheckNews, Sophie Adriansen reconnaît qu’il s’agit d’un «dialogue fictif» publié «dans une collection de biographies subjectives». «Cette phrase mise en avant est […] une invention de la littérature française, dont le solfège permet le parallèle avec le racisme, mais je n’en suis pas à l’origine. En tant que romancière, je l’ai intégrée à un dialogue fictif entre Nina Simone et Miss Mazzy, inspiré par les mémoires de la chanteuse» nous répond elle. L’autrice reconnaît que «cette phrase ne peut être prononcée qu’en français» et ne fonctionne pas en anglais, puisque la théorie musicale dans cette langue parle de demi-note et de quart de note pour désigner une blanche ou une noire.

Sophie Adriansen précise que cette métaphore à propos de la valeur des notes blanches et noires «a déjà été utilisée par différents auteurs retraçant la vie de Nina Simone» notamment «dans un album paru chez Gallimard jeunesse en 2015, en présentation du podcast de France Musique «le Journal intime de Nina Simone», dans le livre tiré de ce podcast et paru en avril dernier aux éditions France Musique.

Dans le livre pour enfants Nina, paru en français en 2015, Nina Simone raconte sa propre histoire à sa fille pour l’endormir. L’autrice Alice Brière-Haquet fait dire à Nina Simone, qu’«au solfège, j’apprenais qu’une blanche valait deux noires et le soir dans le bus, je devais céder ma place». Sollicitée, l’autrice indique également qu’ «il s’agit d’un dialogue fictif, inspiré des paroles de Perret : “Elle croyait qu’on était égaux, Lily. Au pays d’Voltaire et d’Hugo, Lily. Mais, pour Debussy, en revanche, il faut deux noires pour une blanche, ça fait un sacré distinguo”».

Comme l’explique Sophie Adriansen et comme CheckNews a pu le vérifier, l’anecdote ne figure pas dans les mémoires de Nina Simone, parues en français en 1992 sous le titre Ne me quittez pas aux presses de la Renaissance, ni dans d’autres interviews de l’artiste.

En revanche, une autre expérience du racisme que l’on retrouve dans de nombreux ouvrages consacrés à Nina Simone, est racontée : quand elle avait 11 ans, lors d’un récital à l’hôtel de ville, Nina Simone a vu ses parents être chassés de leurs sièges au premier rang au profit de blancs, qu’elle ne connaissait pas. La jeune pianiste a alors refusé de jouer jusqu’à ce que son père et sa mère récupèrent leurs places devant.

France Culture a finalement supprimé son tweet mentionnant les notes blanches et noires des leçons de solfège.
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