Tiré de Mariannne: "Qui sont ses trolls qui nous pourrissent Internet?"
La possibilité de laisser un commentaire après un
article sur les sites d'information crée une formidable agora pour les
lecteurs. C'est aussi le lieu de défoulement favori des "trolls", ces
internautes qui s'acharnent à polluer avec outrance la moindre
discussion.
Vous êtes-vous trop branlé dans votre jeunesse que vous êtes incapable d'aligner une phrase sensée ?» Un peu plus loin : «Quand à ta vaseline, tu peux y ajouter du sable, et t'en fourrer plein là où il te sierra de le faire !»
Aucun utilisateur d'Internet n'a pu échapper à ces flambées poétiques à l'orthographe souvent fantaisiste : elles sont inévitables, elles foisonnent sur Twitter, Facebook, YouTube et, malheureusement, sur les
sites d'information. C'est d'ailleurs à marianne.net que l'auteur des lignes ci-dessus a envoyé ses lumineux commentaires.
Voilà un lecteur qui a pris la peine d'élaborer une jolie tournure - interprétant pour l'occasion le verbe seoir à la mode hispanique - et de formuler l'hypothèse audacieuse d'un lien entre les pratiques masturbatoires et la faculté à formuler une idée cohérente. Etrange démarche que celle des «trolls», comme on appelle ces commentateurs spécialisés dans les interventions outrancières qui s'acharnent à polluer les fils de discussion partout où ils se trouvent.
A se demander quel maléfique pouvoir s'empare d'eux lorsqu'ils s'installent derrière leur clavier.
Jean travaille chez Concileo, une entreprise de «gestion de commentaires». Il n'est pas là pour essayer de percer les motivations secrètes des trolls. Son rôle, c'est de les modérer, c'est-à-dire de les empêcher de déverser leur fiel sur les sites de ses clients, parmi lesquels le Figaro, qui reçoit pas moins de 15 000 commentaires par jour, mais aussi le Parisien, LCI ou encore Radio France. «L'image que çela renvoie de l'humanité est plutôt triste, soupire Jean. On lit tellement d'horreurs, de racisme... On constate une vraie montée de l'agressivité dans les commentaires. Le pire, c'est que les gens ne se lisent pas les uns les autres ; ils crachent leur venin et ils repartent.»
Un avis que partage la sociologue Irène Bastard, qui a étudié un corpus de 1 000 commentaires prélevés sur des sites d'actualité. Selon elle, ceux qui s'inscrivent dans un dialogue sont minoritaires, l'écrasante majorité des interventions ne s'adressant à personne - ou à tout le monde, au choix. Terrible constat pour Internet, un média qui a fait de la liberté d'expression son principal moteur : les modérateurs, premier public des commentaires sur la Toile, sont complètement déprimés..."
Source (et suite de l'article): http://www.marianne.net/Qui-sont-les-trolls-qui-nous-pourrissent-Internet%C2%A0_a227427.html