Benoit XVI, la petite blague de Hollande, le silence d’Ayrault, le tweet imbécile d’une ministre
La démission de Benoit XVI a suscité de très nombreuses réactions dans le monde. Comment qualifier la réaction de François Hollande ?
Si l’on compare la réaction de François Hollande à celle de Barack Obama qui a exprimé à Benoit XVI sa « reconnaissance » et ses « prières » et qui a adressé ses « vœux » aux cardinaux qui vont élire son successeur, la réaction de François Hollande parait distante, voire désinvolte.
« La décision courageuse du pape suscite le respect », a dit hier matin le président français mais avant d’ajouter aussitôt : « la République n’a pas à faire davantage de commentaire sur ce qui appartient d’abord à l’Eglise ». C’est un peu court car, croyant ou pas croyant, on ne peut pas ignorer que le Pape, pasteur d’une communauté d’un milliard de personnes, est aussi un chef d’Etat dont la voix compte dans le monde et qui peut donc appeler des « commentaires » d’un homologue, fut-il d’un pays comme la France qui brandit la laïcité en étendard.
Et puis surtout, lors d’une conférence de presse aux côtés du président nigérien, François Hollande n’a pas résisté à faire de l’ironie en lançant : « nous n’aurons pas de candidat ». Un mot accompagné d’un sourire satisfait qui semble dire qu’il ne prend pas très au sérieux l’élection d’un pape. Une ironie qui blessera bien des catholiques. Tout comme le tweet, pour tout dire imbécile, de la ministre des personnages âgées, Michèle Delaunay qui s’est cru maligne en tweetant « Benoit XVI a omis de me consulter avant de prendre sa décision ». Quant à Jean-Marc Ayrault, il n’a pas oublié de faire un communiqué pour saluer ce week-end les Victoires de la musique. Mais sur le Pape, pas un mot.
Sans nier la séparation de l’Eglise et de l’Etat, sans nier les divergences entre l’Eglise et le gouvernement, on se dit que les dirigeants français auraient pu être un peu plus inspirés par un événement inédit sinon historique.
Cette réaction s’explique-t-elle par l’opposition de l’Eglise au mariage homosexuel ?
Il est indéniable que l’Eglise catholique est hostile à plusieurs projets du gouvernement socialiste comme le mariage et l’adoption pour les homosexuels mais aussi l’autorisation de la recherche de l’embryon, qui arrive bientôt à l’Assemblée, ou l’euthanasie. A la veille de Noël, s’appuyant sur un texte du grand rabbin de France Gilles Bernheim, Benoit XVI avait ainsi mis en garde contre les « atteintes à l’authentique forme de la famille ».
Mais au-delà, on peut parler de rendez-vous manqué entre François Hollande et Benoît XVI. Tout simplement, ils ne se connaissaient pas. Le Pape démissionnaire était venu à Paris en 2008 ; Nicolas Sarkozy était à l’Elysée. Et Sarkozy, qui était intéressé par les questions religieuses, avait été plusieurs fois rencontré Benoit XVI. François Hollande, lui, n’a pas eu le temps de le rencontrer et pour tout dire, ne semblait pas pressé de le rencontrer. Benoit XVI rappelait aux nations européennes leurs racines chrétiennes ; François Hollande, lui, se situe dans une société post-chrétienne. Entre eux, ce ne fut pas le choc frontal, ce fut plutôt l’indifférence cordiale.
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